Description

Proust : roman familial médite sur le pouvoir émancipateur de la littérature, qui est aussi un pouvoir de consolation et de réconciliation avec la vie. Rarement texte aura su allier la dimension intime et universelle avec tant de grâce, de style et de justesse. Un accomplissement.

Laure Murat est née dans un univers à part. Issue de l’aristocratie d’Ancien régime par sa mère et de la noblesse d’Empire par son père, elle a grandi dans un monde persuadé de son prestige, entre salons et châteaux, proche de celui décrit dans À la recherche du temps perdu. Proust, qui connaissait ses arrières grands-parents maternels et paternels, s’est même inspiré de certains membres de sa famille, dont les noms parsèment le roman.

Mais lorsque vers l’âge de vingt ans, elle lit la Recherche, un basculement formidable se produit : le pouvoir de la fiction lui révèle que sa vie réelle n’aurait été qu’une vie de théâtre et de représentation. Et que seule la littérature donne accès au « réel retrouvé ».
Cette révélation sera suivie d’un second choc.

Dans ce milieu social qui entretient le récit d’une domination révolue, où tout se sait sans que rien ne se dise, elle décide de briser un tabou en révélant sa vie amoureuse, ce qui entérine sa rupture avec sa famille. La relecture de la Recherche lui ouvre alors à nouveau les yeux sur le système d’ostracisation et les stratégies d’exclusion. Mais tout en analysant le rejet social de « l’inversion », Proust opère un autre mouvement : il universalise le sujet minoritaire et l’intègre à part entière dans l’humanité.

On entend souvent : « Ce livre a changé ma vie ». Proust : roman familial descend dans les profondeurs de cette formule, par des exemples concrets, des épisodes vécus, et des analyses débarrassées de tout jargon. Ce récit personnel qu’a mené Laure Murat bouleverse. Par son instinct de liberté, par son humour lucide, par la délicatesse avec laquelle elle interroge la transmission, par le récit d’un cheminement qui lui a coûté des années, elle esquisse le portrait en creux d’une lectrice sauvée par un livre-monde.