Description

L’Inde, c’est au XIXe siècle le grand territoire colonial anglais, avant de devenir un pays en ébullition, avide d’indépendance. Celle-ci arrive en 1947, bientôt suivie de la partition qui donne naissance au Pakistan et bien plus tard au Bangladesh. Parmi ceux qui participèrent à la longue lutte anti-impériale, on trouve bien sûr Gandhi et sa voie pacifique, premier fil rouge de ce roman. Mais aussi, figure fascinante quoique moins connue (même des Indiens…), Pandurang Khankhoje, révolutionnaire baroudeur et agronome de génie, qui fuit son Maharashtra natal en 1906 vers l’âge de vingt ans, d’abord pour le Japon, puis la Californie, New York, avant de gagner la Turquie et la Perse au début de la Première Guerre mondiale. Toutes les aides sont bonnes, pour s’affranchir du joug britannique. Il se rend à Berlin, puis Moscou où il rencontre Lénine, avant de s’exiler au Mexique auprès de Tina Modotti, Frida Kahlo et Diego Rivera. Il a plus de soixante ans quand il revient dans son pays libéré.
Patrick Deville nous entraîne dans les vies parallèles et presque opposées de Gandhi et Pandurang. On suit ce dernier dans ses pérégrinations et ses calculs stratégiques, et c’est toute l’histoire de l’Inde moderne qu’on parcourt dans son sillage, notamment les soubresauts de l’indépendance et de ses fractures, avec de colossaux déplacements de populations et les massacres qui les accompagnèrent. Il est le motif central dans le tapis, celui d’une vaste fresque peinte tambour battant, sur un rythme haletant que viennent varier ou contraster les rêveries et interrogations du narrateur au fil d’une longue descente du nord au sud du sous-continent et de ses rencontres avec des historiens, des géographes et des écrivains de l’Inde contemporaine, mais aussi avec l’indémodable princesse de Travancore et son trésor de mémoire.
Le « samsāra » c’est la « transition », ou la « transmigration », c’est-à-dire le cycle des réincarnations, et c’est vrai que Pandurang