Description
La psychanalyse ne peut rester inchangée face aux interpellations de #MeToo. Elle doit même « recommencer », mettre à plat bon nombre des concepts qui fondent sa pratique et transformer celle-ci à partir du féminisme de la quatrième vague. Telle est la conviction vigoureuse de ce livre inventif et convaincant au ton de manifeste. Car il semble bien que la psychanalyse se soit enfermée dans un ordre hétéro-patriarcal dont l’insistance sur la figure du père, chez Freud relativement, puis chez Lacan absolument, est un des signes indéniables. Lacan voit certes dans le féminin une forme de résistance à l’ordre phallo-centré. Mais c’est encore à partir de la notion de phallus qu’il définit la femme, et c’est à son abstraction du corps social et politique qu’il attribue sa résistance, qui reste exceptionnelle et individuelle.
Guidés par une lecture tout à fait originale du SCUM Manifesto de Valerie Solanas – un texte de référence du féminisme contemporain –, les deux auteurs entreprennent de fonder une psychanalyse qui pense les femmes à partir d’elles-mêmes et plus en référence aux hommes. Ils reprennent à leur compte le concept féministe de sororité, fondamental dans la psyché humaine selon eux. Relisant Freud, ils montrent que lui-même en avait eu l’intuition : non seulement les femmes ont la capacité de s’identifier au vécu traumatique d’autres femmes, de se sentir soeurs dans le partage de cette condition commune, mais l’ordre phallique impose précisément le refoulement de cette sororité. Les femmes ne peuvent alors faire l’économie d’un moment de folie, d’excès par lequel exprimer ce refoulé. Et c’est cette dimension sororale de l’inconscient qui les fait entrer en lutte et en politique. La psychanalyse a alors à entendre cet excès pulsionnel qui fait bouger le monde.
